Chapitre IX

Chapitre IX

Lans l’après-midi du lendemain, Henry se rendit chez son père. Il était décidé à lui parler dès maintenant de sa résolution d’épouser Mlle de Rambuges. Car la veille, il avait compris toute la profondeur du sentiment que lui inspirait la jeune fille, et il avait vu, dans ces beaux yeux émus, l’amour que Yolaine ignorait encore.

De plus, il lui tardait de l’enlever à la tutelle de Mme de Rambuges, de lui donner un foyer, avec le bonheur familial dont elle avait été privée jusqu’ici. Puis encore, il avait soif de cette tendresse féminine, qu’il pressentait délicieuse, ardente et pure comme l’âme de Yolaine ; il voulait devenir, le plus tôt possible, le maître de ce jeune cœur à peine éveillé à la vie.

M. de Mayonne parcourait des revues, assez distraitement, quand son fils entra. Il demanda :

Qu’est-ce qui t’amène, mon cher ? Tu tombes bien, car j’allais m’habiller pour me rendre au cercle.

Je ne vous retiendrai pas longtemps, mon père.

Oh ! je ne suis pas pressé ! Pas le moins du monde !

Un coup d’œil de satisfaction orgueilleuse enveloppa le jeune homme, qui attirait à lui un siège et s’asseyait près de son père.

Eh bien, mon beau Gesvres, qu’as-tu à me dire ?

Le ton était affectueux. Et M. de Mayonne, tout en parlant, se penchait vers son fils d’un air souriant.

Vous m’avez exprimé plus d’une fois, mon père, votre désir de me voir marié. Je viens aujourd’hui vous apprendre que j’y suis disposé.

Ah ! vraiment !… J’en suis enchanté… si tu as bien choisi, naturellement.

Bien choisi… pas selon vos idées, mon père.

M. de Mayonne se raidit instinctivement.

Que veux-tu dire ?

La jeune fille que j’aime est extrêmement jolie, d’excellente famille, aussi distinguée au moral qu’au physique… mais sans fortune. En un mot, c’est Mlle de Rambuges.

M. de Mayonne bondit sur son fauteuil.

Mlle de Rambuges !… Mais tu es fou !… Dix fois fou ! Ah ! je crois bien, que ce n’est pas dans mes idées ! Et elle n’avait pas tort, Mme de Rambuges, en me prévenant hier !

Les sourcils d’Henry se rapprochèrent.

Elle vous a prévenu ?… De quoi ?

Mais que tu faisais la cour à sa nièce, parbleu ! Et avec tes idées, je me doutais bien qu’il ne s’agissait pas d’une simple amusette, d’un simple flirt… Épouser cette jolie pauvresse !… Toi, toi ! Tu es fou, Gesvres !… Tu es fou ! N’en parlons plus, cela vaut mieux.

Je vous demande pardon, je suis venu ici pour en parler, au contraire. J’aime Mlle de Rambuges, je n’épouserai qu’elle, et je suis décidé à attendre votre consentement tant qu’il le faudra.

Henry parlait d’un ton ferme, avec la froideur apparente qui avait toujours trompé les siens sur sa nature véritable. M. de Mayonne riposta :

Tu l’attendras longtemps, en ce cas !… Mais je te crois beaucoup plus raisonnable. Ton cœur si calme, inaccessible à la passion, aura vite fait d’oublier ce charmant visage — très charmant, je l’avoue !

Henry répéta :

Mon cœur si calme ?…

Un sourire d’ironie glissa entre ses lèvres.

… Vous croyez que je suis incapable d’aimer… passionnément ?… Et cela, parce que j’ai voulu attendre l’amour permis ?

Il se redressait légèrement, dans le fauteuil où il était assis. Et devant cette jeunesse superbe, frémissante, devant la flamme ardente de ce regard, le père eut la révélation d’un être inconnu, contre lequel la lutte serait plus difficile qu’on ne l’aurait pensé d’abord.

… Permettez-moi de vous le dire en toute franchise, je suis pour vous, moralement, un étranger. Que vous êtes-vous imaginé sur moi ? Peut-être que jamais je n’ai eu de lutte à soutenir, que j’avais la vertu infuse et que les passions n’existaient pas chez moi ?… Hélas ! je suis fait du même limon que les autres hommes ! J’ai connu la tentation, les heures de détresse morale. Mais je savais où trouver le secours, et la force d’En-Haut est venue aider ma faiblesse. Ainsi, j’ai toujours pu écarter les coupes enivrantes qui se sont offertes à moi. Il ne s’ensuit pas que je sois de marbre, comme le dit quelquefois Pierre… Et je vous le déclare sincèrement, mon père, j’aime Mlle de Rambuges de telle sorte que, sans un obstacle sérieux, il me serait impossible de renoncer à elle.

À mesure qu’il parlait, sa voix devenait plus vibrante et son regard, devant lequel se baissait un peu celui du père, étincelait d’ardente volonté.

M. de Mayonne murmura, avec un mélange de surprise et de contrariété :

Je ne me doutais pas, en effet… Je te croyais si paisible, presque indifférent, sous le rapport amour. Mais je me suis trompé, évidemment… évidemment…

Il considéra son fils, longuement… Et il s’étonnait en secret de le voir si maître de lui, à cette minute où il venait demander un consentement qu’il savait ne pouvoir obtenir. Seuls, les yeux, en ce moment traversés de vives lueurs dorées, décelaient la vie brûlante renfermée en ce cœur d’homme — si soigneusement que les siens ne l’avaient pas soupçonnée.

M. de Mayonne pensa, avec un désagréable petit frisson :

« Ça va être diantrement difficile d’avoir raison d’un amoureux de cette sorte ! »

Il passa lentement sur son mince visage rasé sa main maigre, aux veines un peu saillantes, et dit d’un ton conciliant :

Il faut que nous parlions raison et non sentiment, mon cher enfant Sans cela, nous ne parviendrons jamais à nous entendre. Tu viens de prononcer cette parole : “Sans un obstacle sérieux, je ne renoncerai jamais à Mlle de Rambuges.” Eh bien ! cet obstacle existe, et tu le connais. Aussi bien que moi, tu sais qu’il ne t’est pas possible de te payer le luxe d’une femme pauvre.

Je ne désire cependant que ce luxe-là, mon père. À tous les autres, je renoncerai volontiers. Ils ne me paraissent aucunement indispensables et ne sont pour moi qu’une habitude superficielle dont je ne souffrirai guère de me défaire. D’ailleurs, ayant conquis d’un seul coup la notoriété littéraire, je trouverai encore de ce côté d’appréciables revenus.

M. de Mayonne l’interrompit par une exclamation :

Tu oserais ?… Tu prétendrais trafiquer de ton talent, toi ?… toi ?

Le jeune homme riposta avec une fermeté hautaine :

Je prétends arriver, par mon travail, à soutenir mon rang, à conserver nos domaines, à élever les enfants que je demande au Ciel de m’accorder nombreux. N’espérez pas, mon père, me convertir jamais à vos idées de mariage riche. Pour moi, il n’existe qu’une femme au monde, et fallût-il l’attendre dix ans, vingt ans, toute ma vie… et bien ! je l’attendrai !

Il se leva sur ces mots. M. de Mayonne l’imita machinalement. Un peu de rougeur montait à son teint blafard. Il dit d’une voix enrouée par la colère :

Nous verrons cela ! En tout cas, ne compte pas que je céderai jamais ! Il ferait beau voir mon aîné s’unir à cette petite mendiante, qui a su le prendre si habilement…

Henry s’écria d’un ton d’indignation :

N’insultez pas cette enfant, mon père ! Si elle est pauvre, elle n’en est que plus digne de tous nos respects !

M. de Mayonne essaya de railler :

Ah ! elle a su se procurer un vaillant chevalier ! Mais prends garde, mon cher, tu es en train de la compromettre. On a remarqué, hier, l’attention que tu lui accordais et, tout aussitôt, on s’est mis à jaser là-dessus.

Henry dit froidement :

Cela n’a pas d’importance, puisqu’elle deviendra ma femme.

Encore !… Et moi je te dis non, non, non ! D’ailleurs, tu reviendras toi-même de cette folie et tu accepteras le sacrifice auquel t’oblige ton rang. J’ai confiance en ta sagesse, Henry.

Tout à coup adouci, il s’approchait de son fils et mit sa main sur l’épaule du jeune homme.

… Allons, nous laisserons pour le moment cette discussion et tu réfléchiras tout à loisir à l’impossibilité de ce mariage.

Je n’ai pas pris ma décision sans y réfléchir longuement, mon père, et maintenant elle ne changera plus.

M. de Mayonne retint un geste de colère. Il murmura en élevant les épaules :

Ah ! l’entêté !

Mais il n’osa en dire davantage. La ferme volonté, la maîtrise de soi qu’il sentait chez son fils, une supériorité qui l’écrasait un peu, tout en le pénétrant d’orgueil paternel, et aussi cette rare valeur morale, subjuguaient l’homme faible et jouisseur, jadis indifférent à tout ce qui n’était pas son plaisir, mais qui commençait de subir l’influence dominatrice de ce fils si différent de lui-même, et devant lequel il se sentait toujours très petit.

Quand Henry se fut retiré, M. de Mayonne arpenta pendant quelques instants son cabinet, les mains derrière le dos. Sa physionomie exprimait la perplexité et la colère… Il murmura tout à coup :

Voilà une belle complication ! Il ne lui manquait plus que cela, d’aimer une pauvresse !… Et il l’aime !… Ah ! sapristi ! pour qu’il le dise sur ce ton-là, c’est que ce n’est pas peu de chose.

Il s’approcha d’une fenêtre et appuya son front contre la vitre. Machinalement, il regarda au dehors, vers le parc où des jardiniers préparaient les plantations printanières… Puis sa physionomie s’éclaira tout à coup. Il songeait :

« Mme de Rambuges me sera très utile. Je lui demanderai d’éloigner sa nièce, quitte à la payer pour ce service. Elle en sera enchantée, probablement, — de toutes façons, puisqu’elle est folle d’Henry. »

* * *

M. de Mayonne proposait, mais Dieu en disposa autrement. Le lendemain de cet entretien avec son fils, le duc qui avait donné précédemment quelques marques de fatigue, fut pris de syncope en sortant de table. Le médecin, appelé, constata des troubles cardiaques graves et ordonna le repos complet. Pendant quelques jours, il ne se prononça pas. Le malade, très faible, avait de fréquentes crises d’étouffement et paraissait se frapper beaucoup. Puis un mieux se produisit et M. de Mayonne, volontiers optimiste, revint aussitôt à l’espoir.

D’ailleurs, il avait près de lui le plus encourageant, le plus aimable des gardes-malades. Tandis que Françoise et Pierre se contentaient d’entrer une ou deux fois chaque jour dans la chambre de leur père, pour s’informer de ses nouvelles, Henry laissait toutes ses occupations pour s’y trouver constamment. M. de Mayonne refusant la présence d’une garde-malade, le jeune homme en remplissait les fonctions avec l’aide du valet de chambre et celle, plus intermittente, de Mme de Mayonne, devenue complètement indifférente à l’époux tant aimé d’elle, autrefois, jusqu’à ce qu’il lui eût été bien prouvé qu’elle n’avait à attendre de lui que des souffrances.

Le duc semblait fort apprécier les soins de son fils, qui, seul, pouvait faire observer les prescriptions médicales, et réussissait à lui redonner courage. La froideur déférente dont Henry avait pris l’habitude, à l’égard des parents qui le délaissaient moralement, s’atténuait près de ce lit de malade. De son côté, M. de Mayonne refrénait pour lui sa mauvaise humeur et, en dehors de sa propre personne, il ne s’occupait que de son fils aîné, trouvant longues les heures où il n’était pas là, le demandant dès qu’il se trouvait un peu plus souffrant ou déprimé. Henry semblait, en ces jours de malaise physique et de secrètes terreurs, avoir pris un véritable empire sur l’âme faible, coupable, qui s’attachait instinctivement à cette force et à cette vertu comme à de puissantes égides.

L’amélioration continuait dans l’état du malade. Le médecin avait dit à Henry :

« Sa santé peut se maintenir, mais sans fatigue, sans vie mondaine surtout… »

Quand son fils lui rapporta ces dernières conditions, M. de Mayonne protesta :

Ah ! par exemple, s’il faut ainsi changer ma vie, me priver de tout, non ! non ! Je vieux bien éviter les veilles, les trop grandes fatigues, mais il ne faut pas me demander davantage.

Henry ne discutait pas. Il se réservait de faire, peu à peu, fléchir la résistance de son père, d’incliner celui-ci à des résolutions plus sages. Pour le moment, la faiblesse obligeait le convalescent à des ménagements dont son fils s’attachait à pallier l’ennui par des lectures, d’intéressantes causeries qu’animait la gaieté fine et charmeuse du jeune homme. M. de Mayonne disait :

Je n’ai de moments agréables dans la journée que ceux où Henry est près de moi.

Il se montrait affectueux pour son fils, chaque jour un peu plus. Cette alerte semblait avoir réveillé en lui des fibres anesthésiées par sa vie de plaisir. Et Henry pressentait qu’il l’amènerait bientôt, peu à peu, à l’idée de lui voir épouser Mlle de Rambuges.

Or, de plus en plus, M. de Gesvres avait hâte d’arriver à ce dénouement. Pendant la période critique de la maladie de son père, il n’avait pas été chez les Terneuil ; mais Jacques, en venant le voir, lui apprenait que Yolaine, sous prétexte que sa tante avait besoin d’elle, changeait l’heure de ses visites, et que celles-ci s’espaçaient progressivement. En outre, la jeune fille paraissait triste, elle maigrissait et pâlissait. Mme de Terneuil avait essayé de la questionner ; mais elle répondait paisiblement :

« Je n’ai rien, sinon le déplaisir de vivre avec une personne aussi peu sympathique que Mme de Rambuges. »

Henry, maintenant, ne l’apercevait même plus à l’église. En revanche, il y voyait Nadiège. Toute vêtue de sombre, un livre à la main, elle se glissait le long des nefs et s’agenouillait devant la chapelle où se célébrait la messe. Elle suivait celle-ci dans son livre, pieusement. Puis elle mettait sa tête entre ses mains et restait longtemps prosternée.

Henry songeait :

« Quelle comédie joue-t-elle là ?… Et quels ennuis donne-t-elle de nouveau à sa nièce ? »

Un mois passa bientôt, sans qu’il revît Yolaine. M. de Mayonne paraissait à peu près rétabli. On parlait du bal que devait donner la duchesse, dans le courant de mai. Il était également question des fiançailles de Françoise avec le comte de Tigranes, un sportsman connu, fort riche, qui avait largement dépassé la quarantaine et passait pour une nature insignifiante — d’aucuns disaient même : “Un imbécile”. La fortune, seule, engageait Mlle de la Rochethulac à cette union. Elle ne se cachait pas pour déclarer que M. de Tigranes lui déplaisait ce qui amena un jour Henry a lui faire connaître sa façon de penser à ce sujet.

Elle répondit avec un mélange d’insouciance et d’amertume :

Que veux-tu, mon cher ami, j’ai été élevée dans le grand luxe, dans le goût du monde, il faut que je trouve en me mariant le moyen de continuer. Nous ne sommes pas responsables de l’éducation qu’on nous a donnée, vois-tu.

Mais si nous connaissons que cette éducation pèche par quelque côté, notre devoir est de réagir, et de changer de route.

Françoise eut un léger mouvement d’épaules, en murmurant :

Le devoir !… C’est bon pour toi, saint Henry !

Il se pencha et lui prit la main, en la regardant d’un air de grave reproche.

Pourquoi dis-tu cela, Françoise ! Je ne puis croire que toi, une la Rochethulac, chrétiennement élevée, tu songes jamais à en faire fi ?

Eh ! mon pauvre ami, à force de voir s’étaler tant d’amoralité autour de soi, On en reçoit quelque empreinte ! Je ne veux pas dire que je ne serai pas une honnête femme, mais il est fort probable par ailleurs, je continuerai de mettre ma fantaisie à la place du devoir.

Il dit avec pitié :

Ma pauvre Françoise !

Elle secoua la tête. Son regard s’adoucit légèrement, en se posant sur la belle physionomie sérieuse de son frère.

Tu me plains ?

Oui, beaucoup. La vie sans le devoir est une chose si laide, et si malheureuse ! Tu es certainement capable de beaucoup mieux que cette existence frivole et nulle, Françoise.

Elle eut un rire forcé, un peu railleur.

Frivole ?… Nulle ? Mais, mon cher, tu oublies les conférences que je vais entendre, les cours de la Sorbonne, ceux de la Croix-Rouge, ma présidence de l’œuvre des “Jeunes filles à la campagne”…

Je n’oublie rien. Tout cela fait partie de ta vie mondaine, tout cela ne part pas du désir de faire œuvre utile et bonne, mais seulement de passer pour une femme “bien dans le train”. Je ne me leurre pas de ces apparences, vois-tu, Françoise.

Elle dit avec un mélange d’irritation et de déférence :

Oh ! oui, je sais que tu ne te fais pas d’illusions sur les femmes ! Et cependant, il en existe un certain nombre, de par le monde, qui ont été prises à tes beaux yeux et seraient fort heureuses, peut-être, de se plier à suivre tes conseils, pour un peu d’amour de ta part. Voici Mlle Faravès, par exemple… ou cette blonde comtesse de Rambuges, qui te fait des yeux si doux…

Il l’interrompit avec impatience.

Ne me parle pas de cette chatte ! C’est déjà bien assez d’être obligé de la voir, quand elle vient ici ou que je la rencontre.

Françoise le regarda avec surprise.

Comment, tu as une telle antipathie pour elle ?

Une antipathie qui croît à mesure que je la vois plus souvent.

Elle est pourtant charmante !… Il faut que ce soit toi, Henry, pour lui résister !

Il dit entre ses dents :

Je la méprise si profondément !

La comédie de piété qu’il soupçonnait la jeune femme de jouer n’était pas pour lui faire changer d’opinion. De plus, en y réfléchissant, il craignait qu’elle n’eût deviné ses sentiments à l’égard de Yolaine et ne s’employât à éloigner de lui la jeune fille. C’était une raison nouvelle pour qu’il désirât obtenir promptement le consentement paternel à son mariage avec Mlle de Rambuges.

Nadiège continuait de voir souvent Mme. de Mayonne et Françoise. Henry, prenant prétexte du retard apporté dans son travail par la maladie de son père, paraissait fort peu dans le monde, depuis un mois, et comme Mme de Mayonne n’avait donné aucune réception en ces derniers temps, le jeune homme n’avait que rarement l’occasion de rencontrer la jolie veuve. Cependant, elle ne se faisait pas faute de chercher à se mettre sur son chemin. Et même, un mot dit un jour par Françoise lui avait laissé penser qu’elle s’informait très habilement de ses faits et gestes.

De tout cela, il se serait peu préoccupé, s’il n’avait vu dans cette passion dont il était l’objet un danger pour Yolaine.

Depuis que son père allait mieux, il s’était rendu plusieurs fois chez ses amis de Terneuil, mais il n’y avait pas rencontré Yolaine. Chez Mme de Balde aussi, elle venait plus rarement, et elle semblait triste, gênée.

Elle avait dit à sa marraine :

Je voudrais trouver un moyen de gagner ma vie, pour n’être plus à la charge de mon oncle et pouvoir quitter Mme de Rambuges.

Et comme Mme de Balde lui demandait :

Mais enfin, vous rend-elle malheureuse ?

Elle répondit, un peu évasivement :

Une autre ne le serait peut-être pas. Mais nous avons des natures si différentes que je souffre beaucoup près d’elle.

Henry attendait une occasion favorable pour parler de nouveau à son père. En ce moment, M. de Mayonne était encore trop récemment remis de cette dangereuse secousse pour qu’il tentât une démarche susceptible de l’agiter. Mais un après-midi où il se trouvait seul avec sa mère, le jeune homme lui demanda si elle avait été informée par le duc de son désir d’épouser Mlle de Rambuges.

Oui, ton père m’en a parlé. Comme lui, je trouve cela impossible et fou, mon pauvre enfant ! Toi, notre aîné, faire ce mariage ! Non, je te crois trop raisonnable pour persévérer dans ce projet !

Je l’ai dit à mon père : j’attendrai son consentement, mais je n’épouserai pas une autre femme qu’elle.

Mme de Mayonne considéra un moment la physionomie de son fils. Puis elle se pencha, et posa ses doigts sur la main d’Henry.

Tu l’aimes beaucoup !

Autant qu’on peut aimer. Je l’aime jusqu’à lui sacrifier tout, jusqu’à vivre dans la pauvreté, s’il le faut, pourvu qu’elle soit près de moi.

Mme de Mayonne murmura d’un ton de vive surprise :

Je n’aurais pas cru que toi, Henry…

Il eut un demi-sourire d’ironie, en disant :

Ah ! vous aussi !

Un court silence passa dans le petit salon tiède et fleuri, d’une aristocratique élégance. Mme de Mayonne appuyait sa main sur celle de son fils et elle regardait Henry comme si elle le voyait avec des yeux nouveaux. Puis elle songea tout haut :

Elle est donc venue, celle qui a eu raison de ton indifférence ? Pourquoi faut-il que parmi toutes les femmes qui seraient trop heureuses d’être élues par toi, tu aies précisément choisi la plus pauvre ?

La plus jolie aussi, et, ce qui est mieux encore, la plus délicatement bonne et vertueuse. Mlle de Rambuges est mon idéal complètement réalisé. Vous devez donc comprendre qu’il m’est impossible, aucun obstacle ne s’élevant entre nous, de renoncer à elle.

Mais tu ne penses pas à l’avenir, mon enfant ! Mayonne, cet hôtel, sont de lourdes charges… Et tes enfants, comment les pourvoiras-tu ?

Si mon père veut me confier l’administration de Mayonne, je saurai en tirer les revenus nécessaires non seulement à l’entretien du domaine, mais encore à notre existence parisienne. Quant à mes enfants, je les élèverai de telle sorte qu’ils sachent se créer une position par leur travail, s’il est nécessaire. Et en tout cas, je n’en ferai pas des oisifs, des inutiles.

Une contraction légère passa sur le visage fané de Mme de Mayonne.

Henry, c’est notre condamnation que tu prononces là. Nous n’avons voulu faire que cela de nos enfants, nous. Et si tu es autre chose, c’est à ta propre valeur que tu le dois.

Il ne protesta pas. Mme de Mayonne continua d’une voix basse et lente, après un court silence :

Je commence à comprendre que j’ai manqué à une tâche très belle, très consolante, qui m’aurait donné plus de joie que le monde auquel j’ai demandé l’oubli de mes désillusions. Maintenant, je suis lasse de tous ces plaisirs, de toutes ces amitiés qui se détourneraient de moi demain, si je cessais d’être la duchesse de Mayonne, et si je devenais pauvre. Il ne me reste que le regret d’avoir passé à côté de mon devoir.

Ses lèvres pâles tremblaient un peu et une tristesse profonde apparaissait dans le regard qu’elle attachait sur son fils.

Henry, ému par cet aveu inattendu, se pencha, et, prenant la main que Mme de Mayonne appuyait toujours sur la sienne, il la porta à ses lèvres, sans une parole.

La duchesse murmura :

Ah ! toi, toi !… Quel orgueil, quelle joie tu aurais été pour moi, si je m’étais montrée à ton égard une vraie mère !… Tu dois être affectueux, je m’en rends compte maintenant. Tu aurais aimé ta pauvre mère, surtout en la devinant malheureuse.

Ah ! oui, je vous aurais aimée ! J’avais tellement soif d’affection ! J’ai tant souffert d’en être privé !

Elle tressaillit un peu.

Tu as souffert ?… Oh ! Henry !

Son regard s’attachait au beau visage frémissant. Puis elle leva son bras, et en entoura les épaules du jeune homme.

Mon pauvre enfant, pardon !… Quel remords tu me donnes ! Hélas ! j’étais toute préoccupée de ma propre souffrance, je ne songeais qu’à m’étourdir.

Henry s’inclinait un peu, entre les bras maternels. Il regardait sa mère avec compassion, car il comprenait à quelles déceptions douloureuses elle s’était heurtée, dans sa vie d’épouse.

Elle continuait, d’une voix basse et triste :

Pierre serait peut-être un peu plus sérieux, si je m’étais occupée de lui. Françoise aurait beaucoup gagné à fréquenter un milieu moins mondain, moins futile que celui où je cherchais l’oubli. Et toi, je t’aurais eu pour ma consolation.

Sa main, lentement, caressa les cheveux blonds.

… Je t’ai toujours secrètement préféré à ton frère et à ta sœur, mon Henry. Tu es l’aîné, et ta naissance a été mon dernier bonheur, car j’étais encore en pleine illusion, alors. Mais je n’ai pas compris ce jour-là, ni plus tard, quelle grâce Dieu me faisait en m’accordant un fils tel que toi.

Pour la première fois, il voyait une émotion profonde dans ces yeux qu’il ne connaissait que très calmes, presque indifférents. Et il sentait, avec une joie soudaine que l’affection endormie de sa mère s’éveillait, sous l’impulsion de la lassitude du monde et du remords — peut-être aussi de l’exemple de ce fils dont la vie sérieuse et si noblement chrétienne lui devenait un perpétuel reproche.

Mme de Mayonne demanda :

Embrasse-moi, Henry ?… Et dis-moi que tu me pardonnes, que tu me donneras un peu de ton affection ?

Il posa ses lèvres sur le front où se croisaient quelques rides légères.

J’en serai trop heureux, ma mère. Nous réparerons le temps perdu, Si vous le voulez bien.

Oh ! oui, je le veux ! Et dès que Françoise sera mariée, je changerai un peu ma vie, je la rendrai moins mondaine et je m’efforcerai de l’occuper utilement.

Elle ajouta, avec un sourire :

Tu vois, mon cher Henry, que je te prends pour confident ? Et je sais bien que je n’en trouverais point d’autre qui te vaille. En retour, si tu veux me confier parfois ce qui t’occupe, j’en serai bien heureuse, car j’y trouverai une preuve de ton affection, de l’oubli de mes torts à ton égard.

Je le ferai volontiers, ma mère. Rien ne pourrait m’être plus doux, si je vous sens en conformité d’idées avec moi.

Elle sourit de nouveau, en le considérant avec complaisance.

Cela veut dire qu’il faut que j’approuve ton projet de mariage… que je m’associe à ta folie ? Ah ! quel ensorceleur tu es, Henry ! Tu ne te doutes pas, j’en suis sûre, du pouvoir de tes yeux… depuis quelque temps surtout. Est-ce l’amour qui leur donne cette flamme, cette puissance ? Mais il est bien certain qu’on se sent irrésistiblement porté à t’accorder ce que tu demandes — même si cela paraît presque impossible. Malheureusement, il ne suffit pas que tu m’aies vaincue. Ton père sera plus difficile à conquérir.

Henry dit en souriant :

Peut-être pas. Vous pourriez d’ailleurs, ma mère, me préparer un peu les voies en lui parlant en ma faveur ?

Elle secoua la tête.

Oh ! tu sais, je n’ai pas d’influence sur lui ! Cependant, je lui en dirai un mot, en choisissant une occasion favorable. Mais je crois, en effet, que tu as en ce moment d’excellents atouts dans ton jeu. Il ne voit plus que par tes yeux, et m’a dit hier : “Ce diable d’Henry me ferait marcher sur la tête ! Il a une volonté terrible, ce garçon-là !” Pour épargner ta modestie, je ne te répéterai pas les paroles enthousiastes qui ont suivi. Mais il est un fait, très heureux pour toi : c’est que tu as pris une influence puissante sur lui, dont la nature faible a jusqu’ici flotté au gré de ses fantaisies. Ainsi donc, il apparaît très possible que tu arrives à obtenir ce que tu désires.

Ils causèrent encore longuement, de Yolaine surtout. Henry parla de ses craintes au sujet de Mme de Rambuges et demanda à sa mère d’espacer beaucoup ses invitations, de se montrer froide et très réservée à l’égard de cette jeune femme, qu’il soupçonnait d’être une aventurière, et à laquelle il fermerait sa porte quand il serait le mari de Yolaine.

Mme de Mayonne convint qu’elle devait être dangereuse et que sa jalousie pourrait en effet s’attaquer à l’élue du duc de Gesvres. Comment devrait-on s’y prendre pour parer à ce péril ?… Là était le point difficile. Il aurait fallu que Mme de Balde pût avoir la jeune fille sous sa protection. Mais l’essai tenté près de Mme de Rambuges s’était heurté à ce refus gracieux de la jeune femme :

Je serais très heureuse de vous être agréable, madame, mais M. de Rambuges tient extrêmement à ce que sa petite-nièce vive près de moi. D’ailleurs, écrivez-lui donc. Au cas où il aurait changé d’avis, je remettrais bien volontiers Yolaine sous votre bonne garde, persuadée qu’elle ne saurait être mieux que là.

Mme de Balde suivit ce conseil. Après quinze jours d’attente, elle venait de recevoir une lettre, d’une orthographe fantaisiste, dans laquelle, en quelques lignes, le tuteur de Yolaine répondait qu’il désirait que la comtesse Guillaume de Rambuges conservât près d’elle sa pupille. Une signature tremblée, d’une écriture différente, terminait ce billet. Sans doute, M. de Rambuges ne pouvait plus écrire et se servait d’une de ses domestiques comme secrétaire.

* * *

Le lendemain de cette conversation avec sa mère, qui lui avait donné tant de joie, Henry vit entrer dans son cabinet Jacques de Terneuil. Celui-ci venait se concerter avec lui au sujet d’une œuvre de préservation de l’enfance à laquelle M. de Gesvres prêtait ses lumières de docteur en droit. Quand il eut terminé sur ce point, le marquis sortit de sa poche une enveloppe jaune, d’où il retira une feuille couverte d’une grande écriture malhabile.

J’ai apporté cela pour te lire un passage qui va t’intéresser. C’est une lettre de Guideuil, mon vieux garde-chasse. Tu te souviens ?

Je crois bien ! Quel brave homme !

Tu lui as laissé également un bon souvenir, je t’en réponds ! Mais qu’as-tu donc ! Tu me parais préoccupé.

Henry leva les épaules. Il se baissa, prit du bout des doigts, dans la corbeille à papiers, des débris de feuillets vert pâle et les tendit à son ami. Puis, comme celui-ci l’interrogeait du regard, il dit brièvement :

Une lettre de Mme de Rambuges, qui me demande ce qu’elle a fait pour me déplaire, car elle voit bien que je l’évite, et me supplie de venir m’expliquer, en prenant le thé avec elle. Tout cela en termes très chauds.

Jacques se mit à rire.

Alors tu lui as tourné complètement la cervelle ? Pauvre chatte blanche !

Mais Henry restait sérieux. Et même, un pli se formait sur son front.

Cette femme m’inquiète. Non pour moi, qui suis absolument insensible à des avances de ce genre, mais pour Mlle de Rambuges… Car j’imagine, mon cher Jacques, que tu as déjà deviné le sentiment qui m’attire vers cette jeune fille ?

Jacques se pencha et lui prit la main, en le regardant affectueusement.

Oui, mon ami. Et elle en est digne, certainement. Il n’y a que la question de la fortune…

Personnellement, elle m’est indifférente. Mon père est d’un tout autre avis, tu le comprends. Mais j’arriverai à obtenir son consentement. Le seul point vraiment sérieux pour moi est la colère certaine de cette femme, quand elle apprendra que je demande la main de sa nièce. Déjà, je soupçonne qu’elle l’empêche de se rendre chez Mme de Balde et chez toi dans la crainte que nous nous rencontrions.

C’est fort possible. Et… hum ! ce doit être terrible une chatte jalouse !

Henry dit d’un air soucieux :

Cette créature est certainement la perfidie même, et complètement dénuée de scrupules. Il faudrait que l’on pût agir directement sur le tuteur, sans son intermédiaire, et obtenir de lui qu’il la laisse à Mme de Balde jusqu’à notre mariage.

Ah ! le tuteur !… C’est précisément à propos de lui que je voulais te montrer la lettre de Gui deuil.

Jacques se baissa et ramassa l’enveloppe jaune qui avait glissé à terre. D’un geste, avec un sourire ironique, il désigna les débris de papier vert qu’il avait laissé échapper de ses mains et qui s’éparpillaient sur le tapis.

Si la jolie Nadiège voyait cela !… Mon vieux Guideuil ne l’aime pas non plus… Voyons, que je cherche le passage relatif à Rochesauve… Il me donne des nouvelles de Rameilles, le concierge étant peu habile à tenir la plume. Avec Guideuil, tout le pays y passe. Je connais les décès, les mariages, les naissances, les moindres événements… Ah ! voici !

Jacques se cala dans son fauteuil et commença de lire :

« Après ça, je n’ai plus grand-chose à raconter à M. le Marquis. La Sylve-Noire est inhabitée pour le moment ; il n’y reste que le domestique russe, ce grand diable dont la figure ne me revient guère. Je l’ai aperçu l’autre jour ; il allait à Rochesauve et est entré là comme chez lui.

« Le vieux monsieur demeure toujours invisible. M. le curé voulut encore essayer de le voir, la semaine dernière. C’est Bourlatte, le domestique, qui lui ouvrit. Il répondit tout net : “M. le comte a donné l’ordre de ne recevoir personne.” Et comme le prêtre insistait, en disant qu’autrefois il avait connu M. de Rambuges, Bourlatte répliqua, sans quitter son air fermé, sournois même : “Autrefois, peut-être. Mais maintenant, M. le comte a tout à fait changé d’idées ; il veut mourir tranquille, sans robe noire près de lui.” Puis, tandis que le M. le curé restait là, hésitant, il lui ferma tout doucement la porte au nez.

« Moi, monsieur le marquis, je ne veux pas dire que le vieux monsieur n’a pas réellement donné cet ordre à son domestique. Mais je parierais gros que la dame de la Sylve-Noire n’est pas étrangère à tout cela. Et je ne suis pas le seul de cet avis, dans le pays. Car on cause pas mal de ça depuis un peu de temps. On dit : “Il y a peut-être quelque chose de louche, là-dessous…” C’est assez mon avis. Ce malade que personne ne voit plus, ces domestiques presque muets… et puis la sorcière de la Sylve-Noire, qui seule pénètre près de lui… Ça, ce n’est pas clair, et j’ai bien dans l’idée qu’il y a là quelque vilaine manigance.

« Il paraît que la dame est à Paris. Peut-être monsieur le marquis l’a-t-il aperçue ? Pourvu qu’elle n’ait pas jeté le grappin sur M. le duc de Gesvres ! Je me rappelle toujours la façon dont elle le regardait, quand nous l’avons rencontrée, dans la forêt. Ah ! elle ne cachait pas qu’il lui plaisait rudement ! Ça se comprend ! Mais ces créatures-là ce n’est bon qu’à faire des malheureux. Et ce serait trop dommage pour M. le duc, qui est si bien, qui a tant de cœur et d’intelligence ! Je serais très heureux que M. le marquis lui présentât tout mon respect, en lui disant que le vieux Guideuil pense bien souvent à lui. »

Jacques interrompit sa lecture. Henry, qui l’avait écouté attentivement, en s’accoudant à son bureau, dit avec un sourire ému :

Le vieux brave homme !… Et il a peut-être deviné juste. Ce refus de recevoir sa petite-nièce ne te paraît-il pas singulier de la part du comte ?

Il pourrait se justifier par un caprice de vieillard, qui n’a peut-être plus sa tête bien libre ou par une rancune obstinée contre son neveu — rancune se reportant sur l’enfant issue de l’union qu’il n’avait pas autorisée. Il ne faudrait pas non plus crier aussitôt à la séquestration, parce qu’un vieillard malade, déjà original par nature et devenu peu sociable depuis des années, refuse de voir d’autres visages que ceux de ses domestiques. Quant au fait de fermer sa porte au curé, il prouverait bien, en effet, l’influence néfaste de cette jeune femme, car M. de Rambuges, sans être un chrétien exemplaire, sans pratiquer sa religion, ne se cachait pas d’être resté croyant et d’avoir conservé quelques habitudes religieuses. Mais ceci ne prouverait pas encore qu’une intrigue quelconque fût ourdie autour de lui… Et quelle sorte d’intrigue ?… Une captation d’héritage ? La petite fortune de M. de Rambuges serait bien peu de chose pour une femme qui doit avoir de grands appétits, et ne vaudrait vraiment pas la peine de jouer cette grosse partie.

Henry songeait, en écoutant son ami. D’un doigt distrait, il effilait sa moustache blonde, qu’il conservait en dépit de la mode américaine à laquelle sacrifiaient la plupart des hommes de son entourage. Et il murmura tout à coup :

Il faudra bien que j’arrive à le voir, cet oncle mystérieux ! Dès que j’aurai l’assurance que mon père consentira, je pars pour Rochesauve et j’y entre… Tu peux être certain que j’y entrerai, et que je verrai l’oncle, et que je l’amènerai à recevoir sa petite-nièce ! Mme de Rambuges a probablement exercé là ses sortilèges, mais je déjouerai son plan, quel qu’il soit. Ce vieillard doit avoir près de lui, à ses derniers moments, sa seule parente, non cette étrangère, et les débris des biens de sa famille doivent revenir à Mlle de Rambuges.

Jacques eut un geste approbateur.

Oui, il serait bon de faire un peu le jour là-dedans. Mais tu ne peux te présenter là-bas et forcer la consigne qu’en qualité de prétendant à la main de Mlle Yolaine.

Aussi dois-je attendre… avec quelle impatience, tu le devines ! Si au moins je la voyais comme auparavant ! Mais non, cette femme est entre nous… cette misérable coquette.

Et, du bout du pied, Henry repoussa avec mépris un des fragments de papier vert où se voyait l’écriture griffée de la chatte blanche.



À suivre...

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